Itinéraire d'un inventeur parisien

Reconnaître la vocation des inventeurs : Un besoin urgent de soutien

Depuis des siècles, la société reconnait la valeur des inventeurs et profite des fruits de leur vocation, mais cette reconnaissance n'a pas encore atteint l'unanimité des sages. Pourquoi ne leur attribue-t-on pas un statut bien réel qui leur permettrait de s'épanouir pleinement ?

Mon parcours atypique a débuté à l'âge de 14 ans, lorsque j'ai commencé à travailler en tant qu'apprenti mécanicien. Pendant mes journées de travail, à l'atelier, un doux rythme marquait le temps, le son de la radio en fond m'accompagnait fidèlement. L'émission "Les Grosses Têtes", avec Philippe Bouvard, nous enveloppait de rires et de joie. Au milieu de cette joyeuse distraction, il y avait un moment spécial, un instant qui me rappelle encore la douceur de ces jours-là, lorsque le générique publicitaire se faufilait doucement entre les rires et les jeux de mots pour diffuser une annonce de l'ANVAR, (Agence National de Valorisation de la Recherche). Le message qu'elle portait était simple mais chargé de promesses : "Vous êtes jeunes, vous avez des idées, venez nous voir, l'ANVAR sera là pour vous aider." Ces mots résonnaient comme une mélodie d'amour dans mes visions créatrices. Ils étaient un rappel tendre du chemin que j'imaginais emprunter pour donner corps à mon écran géant que je conservais dans un coin de ma tête et je ne pouvais m'empêcher de sourire à l'idée que nous avancerions enfin vers un avenir prometteur.

En 1981, la disparition soudaine de ma mère m'a profondément marqué, m'ouvrant les yeux sur la rigueur de la vie et me poussant à réfléchir à mon avenir professionnel. J'ai réalisé que je ne pourrais jamais trouver satisfaction en suivant une voie conventionnelle. Dépourvu de diplôme, j'ai alors fait le choix audacieux d'explorer le domaine de l'invention, une passion que j'avais toujours chérie et admirée. Je me suis alors lancé dans un projet ambitieux visant à créer quelque chose d'extraordinaire, à réussir l'examen requis que je m'étais imposé et à embrasser fièrement cette vocation sans aucune réserve, ni honte, ni regrets. Mon défi consistait à concevoir la cinématique d'un mouvement perpétuel totalement novateur. Je n'avais alors que 21 ans.

Une nuit de cette année, j’entrepris la mise au point de ce système complexe. Au petit matin, à la suite de nombreuses expériences de pensée et de réflexions approfondies, le système était prêt, j'entendis mon père fredonner dans la cuisine, je sautai du lit et griffonnai sur papier cette cinématique improbable sortie de mon esprit et descendis la lui présenter. Mon père, diplômé de l'École centrale, m'avait déjà enseigné le principe physique sur la conservation de l'énergie et c'est ce dernier qui l'emportera, occultant mon génie créatif. Sa réponse fut sans égards ; mon travail était inutile car inexploitable. Après quelques balbutiements en guise de justification, je retournai dans ma chambre mi-figue mi-raisin mais tout de même satisfait de ma performance intellectuelle exceptionnelle.

Quelques années plus tard.

En 2010, me voyant dessiner fièrement mon moteur sur un logiciel d’animation, mon père confirma, à ma grande surprise, que l’usure des aimants, si toutefois les aimants s'usaient, il n’était pas exclu que mon moteur fonctionne. Quelques jours plus tard, il nous quittera, laissant ses enfants orphelin de son amour et de sa présence.

En 2011, souhaitant réaliser un bilan énergétique de mon moteur et grâce à un logiciel simulant des interactions physiques sur une cinématique au moyen d’algorithme, je parvins à le faire tourner de lui même sur mon écran. Présentant aussitôt la scène aux éditeurs du logiciel, je reçus leurs félicitations.

simulateur d'accélération gravitationnelle Les inventeurs indépendants, tels que moi, font face à des défis financiers significatifs. Les frais liés au dépôt de brevets sont élevés, et la création de prototypes exige des investissements personnels considérables, le plus souvent au prix d'un véritable "sacrifice financier". Malgré leur potentiel économique, ces inventeurs se retrouvent souvent marginalisés dans la société, confrontés à des avis à tiers détenteur, des interdictions bancaires, des découverts et des saisies de biens qui les accompagnent tout au long de leur parcours. Reconnaître leur rôle crucial dans le développement économique est essentiel et nécessite un soutien approprié. Les inventeurs indépendants, par leur créativité et leur travail acharné, contribuent grandement à la création d'emplois et à la croissance de notre pays. Malheureusement, ils risquent leurs économies personnelles pour matérialiser leurs idées, tout en étant largement ignorés par les acteurs majeurs de l'industrie.
Ainsi, il est impératif d'instaurer un statut officiel pour les inventeurs indépendants, accompagné de programmes d'aide appropriés, tels que des chèques personnalisés pour obtenir des prestations auprès de grandes entreprises soutenues par le gouvernement. Cette mesure réduirait les inégalités sociales et stimulerait l'innovation.
La contribution des inventeurs, qu'ils soient diplômés ou non, ne peut être sous-estimée. Leur travail est à l'origine de tout ce qui nous entoure, profitant à la société et créant des emplois. Il est temps de leur accorder une reconnaissance officielle et de mettre en place des mesures concrètes pour les soutenir.

En tant qu'inventeur indépendant en France, j'ai fréquemment ressenti une exclusion due à l'absence d'un statut adéquat pour mon activité. Maintenant, mes droits à la retraite sont également affectés, car ils seront réduits en fonction de la durée pendant laquelle j'aurai dirigé ma société de recherche et développement en tant que gérant non salarié. Les promesses politiques sont restées sans suite, et les organismes d'État semblent désintéressés par le secteur privé de l'invention, pourtant essentielle à la croissance économique et à la création d'emplois. Il est urgent que notre société reconnaisse l'importance du rôle des inventeurs et de leur travail. Leur contribution est vitale pour façonner un avenir meilleur, et il est temps de leur offrir le soutien et la reconnaissance qu'ils méritent. Cela profitera non seulement à eux, mais à l'ensemble de la société, en stimulant l'innovation et en créant de nouvelles opportunités pour tous.

Le budget pour le financement de la R&D en 2020, par des entreprises ou des administrations françaises, c'est-à-dire la dépense nationale de recherche et développement expérimental (DNRD), atteint 57,0 milliards d'euros (Md€).
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